L’utilisation des anticorps monoclonaux couvre de nombreux domaines thérapeutiques. Ce sont des molécules protéiques volumineuses qui partagent la même structure que les immunoglobulines de type G (IgG) et possèdent une forte affinité pour leurs cibles. Il existe quatre sous-classes d’IgG : IgG1, IgG2, IgG3 et IgG4. Les IgG1 et IgG3 sont de puissants modulateurs de mécanismes effecteurs et de leur résultante (voie d’activation du complément, fonction de signalisation, différenciation cellulaire, croissance cellulaire, phagocytose, apoptose…), tandis que les IgG2 et IgG4 induisent des réponses plus subtiles. Chaque anticorps est capable de neutraliser des antigènes cibles. Les anticorps monoclonaux actuellement commercialisés sont principalement des IgG1.

Elimination et adaptation posologique :

Les anticorps monoclonaux sont éliminés majoritairement par catabolisme intracellulaire et dégradation protéolytique. Compte tenu de leur taille importante (» 150 kDa), les anticorps monoclonaux ne sont pas éliminés par le rein. Aucune adaptation posologique ne semble alors nécessaire.

Les exceptions :

– Certaines pathologies glomérulaires peuvent entrainer des protéinuries à IgG (2-3). Théoriquement une excrétion urinaire des anticorps monoclonaux semble possible dans certains cas.

Cela est, néanmoins, à mettre en balance avec la forte affinité des anticorps monoclonaux pour leur cible et leur faible taux circulant. En l’absence de données précises concernant la quantification de l’excrétion urinaire des anticorps monoclonaux de type médicament en cas de protéinurie à IgG, il est impossible d’émettre des recommandations.

– Certains anticorps monoclonaux sont conjugués à des médicaments et libèrent des substances pouvant être éliminées par d’autres voies que le catabolisme protéolytique. Les préconisations d’adaptation posologique doivent alors tenir compte de la voie d’élimination de la substance libérée par l’anticorps monoclonal, en particulier si son élimination s’effectue par voie rénale, et de son profil de toxicité.

Dialyse, anticorps monoclonaux, chronoposologie :

En hémodialyse, la dialysabilité estimée des anticorps monoclonaux est nulle (4). Cela est principalement dû à la limite d’exclusion des membranes de dialyse (taille des pores) généralement de l’ordre de 1 à 50 kDa. Les membranes de dialyse sont conçues pour reproduire au plus près les caractéristiques de perméabilité de la membrane basale glomérulaire. Les anticorps monoclonaux non conjugués n’étant théoriquement pas dialysable, le moment de leur administration devra tenir compte des paramètres hémodynamiques du patient et de la voie d’administration de ceux-ci. Un médicament non dialysable peut-être administré avant, pendant ou après la dialyse. Cependant, pour les anticorps monoclonaux administrables par perfusion, il sera préférable de les administrer avant ou pendant la séance de dialyse afin de réduire les conséquences cardiovasculaires de la variation volémique et de l’apport en sel induites par la perfusion.

En cas de disponibilité, la forme sous-cutanée pourra être privilégiée chez les patients insuffisants rénaux ayant une diurèse réduite ou étant anuriques.

(1) Ryman JT, et al. Pharmacokinetics of Monoclonal Antibodies. CPT Pharmacometrics Syst Pharmacol. 2017 Sep;6(9):576-588.

(2) Le Bricon T. Identification et dosage des protéines urinaires au laboratoire d’analyses. Ann Biol Clin 2002 ; 60/5 : 525-540.

(3) Szymanowicz A, et aI. Proposition de textes interprétatifs prêts à l’emploi pour l’électrophorèse des protéines urinaires. Spectra Biol 2006 ; No 155 : 41-51

(4) Murakami M, et al.Improved Formula for Predicting Hemodialyzability of Intravenous and Oral Drugs. Blood Purif. 2021;50(6):865-875.

Source _ GPR Practical Science : Anticorps Monoclonaux et Rein, Avril 2023

Dr Jessica Berdougo, Pr Gilbert Deray

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